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Présidentielle 2017

Pourquoi la taxe robots de Benoît Hamon tue l'idée d'un revenu universel

La proposition de revenu universel de Benoît Hamon fait la une. Discrètement modifiée, à quatre jours du premier tour de la primaire, elle s’éloignerait du projet initial… Mais l’essentiel du problème, lui, demeure.

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Benoît Hamon

Benoît Hamon

THOMAS SAMSON/AFP

« Rétropédalage », « flou », « cafouillage », « revirement »… Depuis hier, la proposition de revenu universel de Benoît Hamon fait la une. Discrètement modifiée, à quatre jours du premier tour de la primaire, elle s’éloignerait du projet initial… Mais l’essentiel du problème, lui, demeure.

La « taxe robots » imaginée par Benoît Hamon pour financer le revenu universel pourrait bien être le fossoyeur de ce projet d’avenir. Anticipant le recul du travail humain en entreprise, progressivement remplacé par l’introduction de robots, Benoît Hamon souhaite repenser la fiscalité du travail. Aux cotisations patronales assises sur le nombre de travailleurs, se substituerait une taxe sur la richesse produite par les robots. Ainsi, les robots « actifs » financeraient le revenu universel des humains « inactifs ».

Anti-compétitive par nature et fondée sur des hypothèses incertaines, la « taxe robots » retire au revenu universel toute crédibilité. Elle vient d’abord s’ajouter aux 153 taxes sur la production recensées par l’iFrap. Affaiblissant un peu plus la compétitivité hors coût des entreprises, la « taxe robots », une première mondiale, freinera la transformation numérique du tissu industriel, voire provoquera une vague de « délocalisation robotique » sans précédent. Elle se fonde ensuite sur l’hypothèse du « grand remplacement » de l’homme par le robot. Ses concepteurs ignorent ainsi l’absence de consensus économique sur cette question: le cabinet Roland Berger estime que 20% des taches seraient, en France, automatisables d’ici 2020 ; France Stratégie avance le chiffre nettement inférieur de 15% ; il y a dix jours, le Conseil d’orientation pour l’emploi présentait sa propre évaluation: moins de 10% des emplois seraient en réalité menacés.... Une assiette de financement bien incertaine pour une « taxe robot » efficace.

Réfléchir à une « taxe robots » c’est, par ailleurs, ignorer que l’appareil productif français est justement sous-équipé. En matière de robotisation, d’automates, d’outils numériques notre pays est en retard. La dernière étude sur l’état de l’outil de production français montre que l’âge moyen de notre appareil productif est de 19 ans. Pire, la France compte peu ou prou 35.000 robots, contre plus du double en Italie et du triple outre-Rhin, et la tendance n’est pas prête de s’inverser. En 2015, les fabricants de robots estiment que la France a installé environ 3.000 robots supplémentaires, loin derrière les 21.000 automates achetés par l’Allemagne et les 68.000 par la Chine... La bataille pour la compétitivité est loin d’être gagnée.

L’approche retenue par Benoît Hamon pour financer son revenu universel est mauvaise et imprécise. Tenter de chiffrer le coût global de l’introduction d’un revenu universel dans le système actuel éclipse le fait qu’il se substitue en réalité à ce système. C’est ce que propose GenerationLibre dans sa modélisation. Versé sous la forme d’un crédit d’impôt, le revenu universel, tel que défendu par le think-tank, est financé par un impôt unique qui remplace l’impôt sur le revenu. Son financement étant mécaniquement assuré, son impact est neutre sur les finances publiques.

Nul besoin de « taxe robots ». La proposition formulée par Benoît Hamon fragilise une réforme d’envergure qui, dans quelques années sûrement, ne souffrira plus d’aucune hésitation. Le revenu universel ne doit pas se concevoir en opposition à la transformation numérique. Au contraire, il l’accompagne. C’est le « filet de sécurité » dont les travailleurs de demain bénéficieront pour se former et s’adapter tout au long de leur vie aux nouvelles technologies… dont les robots.

Par Delphine Granier, responsable des publications & relations publiques du think-tank libéral GenerationLibre.

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