La compagnie aérienne American Airlines et sa maison-mère, la holding AMR, ont annoncé mardi 29 novembre avoir déposé leur bilan. Elles ont toutefois assuré que la continuité des opérations était pour l'heure assurée, et que les clients continueraient à recevoir les services auxquels ils sont habitués, grâce à une trésorerie disponible de 4,1 milliards de dollars.
Dans un communiqué, la compagnie a expliqué que la réorganisation qui va être désormais engagée, comme le permet le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, allait lui permettre d'abaisser durablement ses coûts de fonctionnement, notamment en matière salariale.
"Nous devons nous attaquer à notre structure de coûts, y compris nos coûts salariaux", a expliqué Thomas Horton, un vétéran de la compagnie aérienne jusqu'alors directeur financier, et qui sera chargé d'en piloter le redressement après l'éviction du PDG, Gerard Arpey.
"HANDICAP EN MATIERE DE COUTS"
"Notre très substantiel handicap en matière de coûts, en comparaison de nos grands concurrents - qui ont tous pu restructurer leur dette et leurs coûts sous la protection de l'article 11 de la loi sur les faillites - est devenu progressivement intenable", avec l'intensification de la crise économique, souligne M. Horton dans le communiqué.
Si le groupe, qui a massivement investi pour renouveler sa flotte, n'a rien dit du devenir de la commande géante de 460 moyen-courriers (260 Airbus A320 et 200 Boeing 737) annoncée en juillet, une source proche du constructeur européen a affirmé à l'AFP qu'elle ne devrait pas être remise en question.
"Comme d'autres compagnies américaines ayant eu recours au chapitre 11, American Airlines a déposé le bilan pour se redresser. Dans ce cadre, cela ne devrait pas remettre en cause les commandes passées dans la mesure où la compagnie a besoin de renouveler sa flotte et à ce titre, les (moyen-courriers) A320 lui permettraient d'économiser 15 % de carburant", a déclaré cette source. Airbus comptabilise déjà 130 avions dans son carnet de commandes ; les conditions de l'autre moitié de la transaction ne sont pas encore finalisées.
L'ACTION AMR EN CHUTE
American Airlines se félicitait encore le mois dernier d'être l'une des rares grandes compagnies américaines à ne pas avoir déposé le bilan. Le marché estimait toutefois depuis longtemps que le groupe pourrait y être contraint, faute d'avoir pu obtenir de ses pilotes des concessions salariales suffisantes pour redresser ses comptes.
Les coûts de travail d'American Airlines sont généralement plus élevés, en pourcentage des charges d'exploitation, que ceux de ses concurrentes qui se sont restructurées au cours de la dernière décennie. UAL et Delta Air Lines, qui sont passées par le dépôt de bilan, ont depuis noué des alliances. Delta a racheté Northwest Airlines et UAL a acquis Continental Airlines pour former United Continental Holdings. AMR reste la seule grande compagnie aérienne à financer elle-même les retraites de son personnel.
Les pilotes d'American Airlines estiment de leur côté avoir assez donné, en consentant d'importants sacrifices financiers lors d'une précédente crise, en 2003, quand le groupe était alors le numéro un mondial du secteur.
L'action AMR, qui avait touché la semaine dernière un plus bas niveau depuis 2003, s'effondrait en fin d'après-midi mardi.
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