JP Morgan résiste malgré ses déboires juridiques
De notre bureau de New York - Malgré 20 milliards d’euros de charges pour litiges, la banque a dégagé 18 milliards de profits en 2013.
Par Lucie Robequain
On prédisait une année noire à JP Morgan : elle a finalement été plutôt bonne, si l’on en croit les résultats publiés mardi au titre de 2013. Malgré de nombreux déboires juridiques, l’ayant contrainte à verser 20 milliards de dollars aux régulateurs, la première banque américaine reste rentable et parvient même à dégager 18 milliards de dollars de profit sur l’année. C’est certes moins qu’en 2012 (-16%), une année record à tous les points de vue. Mais peu de banques à Wall Street, encore moins en Europe, peuvent prétendre amasser autant de bénéfices sur une seule année. Euphoriques, ses actionnaires ont fait grimper le titre de plus d’un quart sur les 12 derniers mois, et d’encore 1% mardi à la mi-journée. Celui-ci s’échange aujourd’hui à des niveaux historiquement hauts.
Hormis une petite chute au troisième trimestre, ayant provoqué la seule perte de la banque depuis dix ans, JP Morgan ne semble donc guère souffrir des différents litiges qui l’opposent aux régulateurs. Une telle résistance, qui doit beaucoup à la performance des activités de trading (+1% sur un an) laisse pantois. Elle sème le doute sur l’efficacité de la justice pour punir les excès de la finance, suite à la crise de 2008. JP Morgan a pourtant versé 13 milliards pour payer son implication dans la crise des « subprimes », et plus de 1 milliard de dollars suite au scandale de la « Baleine de Londres ». Elle a encore payé 2,6 milliards de dollars la semaine dernière, au titre de l’affaire Madoff. Le département de la Justice l’accuse d’avoir occulté les soupçons qu’il avait quant à la probité de Bernard Madoff. Le reproche fait à JP Morgan n’est pas d’avoir directement fraudé, mais d’avoir fermé les yeux sur les crimes perpétrés par l’un de ses plus fidèles partenaires, avec qui il faisait des affaires depuis deux décennies.
D’autres litiges à venir
La banque n’en a pas fini avec la justice, loin de là : elle est encore embarquée dans une série de litiges, concernant des soupçons de corruption en Chine, des manipulations sur le marché des matières premières et des taux de change. Mais les plus grosses affaires sont désormais derrière elle, grâce aux accords amiables qu’elle a pu signer ces dernières semaines avec la Justice. « Ces accords sont dans le meilleur intérêt de notre entreprise et de nos actionnaires », a rappelé Jamie Dimon, puisqu’ils clôturent les poursuites juridiques et excluent toute mise en cause directe des patrons de la banque.
Si le groupe bancaire est si résistant, c’est parce qu’il a sévèrement réduit ses coûts (-3% sur l’année). Il prévoit d’éliminer 17.000 postes d’ici à la fin de l’année, ce qui en fera la plus petite banque de Wall Street en termes d’effectifs – mais la plus grande par le nombre d’actifs. Les rémunérations dans la banque d’investissement ont par ailleurs baissé de 5% sur douze mois.