Pollution : «zone morte» au large de Biarritz à cause des détergents chimiques

Peu filtrés par les stations d’épuration, les détergents chimiques présents dans nos lessives se retrouvent en mer où ils provoquent des déferlements de mousse sur les plages.

 La pollution liée aux détergents contenus dans les lessives est ramenée sur les plages sous forme de mousses brunâtres.
La pollution liée aux détergents contenus dans les lessives est ramenée sur les plages sous forme de mousses brunâtres. P. Tohier/Photomobile

    Le ministère de l'Écologie en parle comme d'une « pollution invisible ». Mais lorsque l'océan est déchaîné, elle refait surface en déversant sur les plages des tonnes de bulles de mousses qui se substituent au passage à l'écume naturelle. À la veille du G7 organisé à Biarritz du 24 au 26 août, l'association France nature environnement (FNE) appelle les chefs d'Etat réunis sur la côte basque à « tourner les yeux vers le golfe de Gascogne », menacé selon FNE de devenir « une zone morte » à cause d'une pollution aux détergents pétrochimiques.

    D'après l'ONG, ces micropolluants, présents notamment dans les détergents chimiques qui se trouvent dans les lessives, ne sont « presque jamais traités » par les stations d'épuration et se retrouvent dans l'océan. « À la différence d'une marée noire, la pollution chimique à l'origine du problème est invisible par mer calme », souligne l'association de protection de l'environnement. « Mais dès que la mer est agitée, des mousses brunâtres apparaissent en surface et atteignent parfois des niveaux incroyables quand elles se déversent sur les plages », constate Georges Cingal, secrétaire général de la fédération des sociétés pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest (Sepanso).

    Les ONG s'inquiètent notamment de l'impact de cette pollution sur la vie sous-marine au cœur du golfe de Gascogne. « Le G7 doit acter le retrait du marché des détergents pétrochimiques, comme cela vient d'être fait pour certains plastiques, plaide Georges Cingal. C'est une mesure de bon sens si l'on ne veut pas que les zones mortes ne se multiplient dans nos océans qui ne sont pas encore à l'agonie, mais souffrent d'une maladie grave. » Ces zones mortes, FNE les décrit comme des « eaux contenant très peu d'oxygène et où la faune marine se fait rare ». « Elles gagnent de plus en plus de terrain, affirme l'association. En 2008, on en dénombrait déjà plus de 400 sur l'ensemble de la planète, réparties sur 245 000 km2 ».

    Les pins maritimes, victimes collatérales

    L'accumulation de ces mousses brunâtres à la surface de l'océan a aussi des conséquences inattendues… à terre. « Les embruns chargés de ces polluants ont un effet décapant sur certains végétaux tels que les pins maritimes », souligne France Nature Environnement.

    Au ministère de l'écologie, on prend au sérieux les effets sanitaires de cette « pollution invisible ». « Même à très faible dose, ces micropolluants peuvent avoir des effets négatifs sur les organismes vivants en raison de leur toxicité, de leur persistance et de leur accumulation », prévient le ministère sur son site Internet.

    Les associations de protection de la nature appellent les « lessiviers » à ne commercialiser que « des détergents sans danger pour l'environnement ». En attendant que les fabricants se mettent tous au vert, le ministère de l'Ecologie appelle les consommateurs à privilégier les « articles à moindre impact environnemental », comme le bicarbonate de soude, le vinaigre blanc ou le savon de Marseille. Une ode aux recettes de grand-mère en somme pour sauver les océans.