Sur les chemins de l'agro-écologie
« Je combine agriculture de conservation des sols et agroforesterie »

Raphaël Gardot présente son parcours vers des pratiques agro-écologiques : allongement de ses rotations, introduction de légumineuses dans l'assolement, réduction des intrants, favorisation des auxiliaires de culture... (©Trame)
Raphaël Gardot présente son parcours vers des pratiques agro-écologiques : allongement de ses rotations, introduction de légumineuses dans l'assolement, réduction des intrants, favorisation des auxiliaires de culture... (©Trame)

Raphael Gardot
Raphaël Gardot présente son parcours vers des pratiques agro-écologiques : allongement de ses rotations, introduction de légumineuses dans l'assolement, réduction des intrants, favorisation des auxiliaires de culture... (©Trame)

Les pratiques initiales

« Avant mon installation, j’étais salarié d’une entreprise d’espaces verts et je créais des jardins. En allant chaque jour travailler à l’extérieur de mon territoire natal, j’étais frustré de ne pas être acteur de mon milieu. Je voyais le paysage se transformer, les haies arrachées, sans pouvoir intervenir. J’aime le marais où j’habite, c’est vert et le paysage change tout le temps, j’aime l’eau et je fais du kayak. Par contre, je n’aimais pas voir les grandes surfaces de plaine avec le sol nu après les récoltes.

Les changements

J’ai repris l’exploitation de mon oncle qui était déjà sans labour. J’ai alors introduit des légumineuses dans l’assolement (féverole, luzerne, lentille) pour réduire les achats d’engrais azotés et augmenter l’autonomie. J’ai remplacé les couverts à base d’avoine par des couverts à base de féverole qui sont plus faciles à détruire. Je ne fais plus de blé deux années de suite sur la même parcelle pour diminuer les maladies cryptogamiques et les attaques de pucerons. J’ai installé des rotations longues afin de diminuer les herbicides notamment sur les cultures d'hiver. J’épands des déchets verts fournis et broyés par deux paysagistes, ce qui nourrit mon sol. Tous ces changements, entre 2008 et 2014, m’ont permis d’installer un système céréalier cohérent en agriculture de conservation des sols. Et en 2015, j’ai affecté une parcelle de 11 ha à l’agroforesterie.

Les raisons de l’agroforesterie

Les rangées d’arbres sont plantées à 32 mètres d’écartement. J’ai planté des noyers, des cormiers et des alisiers dont le bois d’œuvre arrivera à maturité dans 60 ans. Je voulais remettre des arbres dans la plaine pour apporter ma contribution au paysage et offrir des coupe-vent aux promeneurs, surtout aux cyclistes. Je recherche la production maximale de biomasse quand j’additionne la récolte des cultures et la biomasse des arbres. J’augmente la valeur patrimoniale de l’exploitation, les arbres sont inscrits au bilan. Les auxiliaires des cultures sont favorisés dans la bande de 2 mètres sous les arbres et la matière organique issue de la décomposition des feuilles des arbres est restituée au sol.

Les risques

Je ne bénéficie pas d’irrigation et en cas de sécheresse, je prends de gros risques sur le rendement. En semis direct, les sols sont plus froids au printemps. Il faut accepter de semer plus tard que les voisins, donc être capable de résister à la tentation de faire comme les autres. Mais il faut dire que les risques d’aléas sur les rendements sont atténués par la réduction des charges (intrants et mécanisation).

Les difficultés rencontrées et les solutions

Mon système de conservation des sols serait plus cohérent avec de l’élevage. Or, je travaille seul et il n’est pas question pour moi de me donner plus de travail. Je souhaite faire de l’agriculture de conservation des sols sans utiliser les produits phytosanitaires. C’est vraiment le défi que nous avons à relever pour les années à venir.

Les sources d’information

Avec la transition vers l’agro-écologie, j’ai acquis des connaissances sur la vie du sol, sur les variétés, sur les techniques de semis direct. J’ai acquis des savoir-faire d’observation. J’ai été amené à présenter en public mon métier et les spécificités de mon système. À l’avenir, j’aurai besoin de plus d’informations pour arriver à vendre des services environnementaux. Par exemple, j’ai découvert trop tard que la plantation d’arbres aurait pu être financée par la fondation Yves Rocher.

L’apport du collectif

  • Je suis adhérent du Civam « Marais Mouillé » composé de 30 agriculteurs et d’habitants du marais. C’est un lieu où nous avons des échanges techniques et nous organisons un café citoyen pour aborder des sujets tels que la gestion des niveaux d’eau dans le marais, la santé des abeilles, l’intérêt des circuits courts, l’évolution du paysage. Même si on peut se faire « engueuler » par les citoyens, ces échanges augmentent la compréhension entre habitants du territoire.
  • Je suis adhérent de l’Apad Centre Atlantique et j’ai fait partie du projet Casdar « ACS en Marais Poitevin » depuis janvier 2014. Avec ce groupe, j’ai rencontré des agriculteurs avec des histoires bien différentes de la mienne. Je me suis constitué un nouveau réseau de relations et j’ai grandi en autonomie de décision. Avec ce groupe, j’ai osé semer dans des couverts vivants et j’ai changé ma façon de regarder le sol. Quand je me promène avec ma bêche, je cherche des réponses à des questions : Le sol est-il protégé en surface ? Quelle est la densité des galeries de vers de terre ? Comment circule l’eau dans le sol ?
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